« Chastaing, historien de la philosophie et de la littérature »

illustration de l'événement

Colloque organisé par I. Koch (AMU/CGGG) et F. Fruteau de Laclos (Paris 1/HIPHIMO UR1451)

Présentation :

Dans ses Carnets de la drôle de guerre, Jean-Paul Sartre décrivait Maxime Chastaing (1913-1997) comme un des introducteurs en France de la phénoménologie allemande. Après la Seconde Guerre mondiale, Chastaing fut un des premiers à présenter au lectorat français les recherches de Wittgenstein, avant de les mobiliser dans ses propres travaux de psychologie sociale et de psychologie historique. Ses pages sur « Wittgenstein et les problèmes de la connaissance d’autrui » frappèrent tant Pierre Bourdieu que ce dernier les reproduisit dans Le métier de sociologue.

Pour autant, Chastaing ne fut pas seulement un commentateur perspicace des penseurs contemporains, attentif aux lumières dont il pourrait tirer profit pour sa propre philosophie d’autrui. Son projet d’une compréhension des autres appelait, en effet, un approfondissement généalogique des raisons de l’occultation, dans la philosophie occidentale, de l’évidence de la coexistence des consciences. Aussi, parallèlement à ses articles de psychologie sociale et de psychologie historique, à travers lesquels il parvint à rendre compte de l’effectivité de la participation de l’ego et des alter ego à l’immanence d’un seul et même plan d’expérience, il a livré des contributions décisives à l’histoire de la philosophie.

Il s’est d’abord attaché à identifier, à travers les traditions augustiniennes puis cartésiennes, la naissance et le développement du faux problème de la connaissance et de la reconnaissance d’autrui – comme si autrui pouvait être objet de connaissance ou de reconnaissance, lui qui, en vérité, participe pleinement de mon existence ! Dans son parcours généalogique, Chastaing n’a toutefois pas rencontré que des opposants à la compréhension d’autrui. Certains auteurs se sont révélés être de véritables alliés. Ils ont été notamment trouvés dans les traditions de pensée de langue anglaise, avec George Berkeley ou Thomas Reid.

Plus frappant encore, Chastaing a découvert dans la littérature moderne des auteurs et des autrices qui n’ont cessé selon lui de porter témoignage de la coexistence des consciences. Lui-même dramaturge – il mit en scène des pièces de théâtre lors de ses années d’emprisonnement en Oflag et obtint à la Libération un prix de l’Académie française pour une de ses pièces –, il ne cessa d’arpenter les œuvres des romanciers et des romancières, allant jusqu’à consacrer la thèse complémentaire de son doctorat ès lettres à « la philosophie de Virginia Woolf ».
Les journées d’études des 17 et 18 avril 2024, qui se tiendront à l’université d’Aix-Marseille, seront l’occasion de revenir sur l’étonnante trajectoire d’historien de la philosophie et de la littérature de Maxime Chastaing.

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