Estelle Herrscher - Biologie, anthropologie et archéologie : quel dialogue pour une nouvelle vision de la préhistoire ?

Crédit photographie : Céline Wilczynski
Séminaire « Inter-disciplines » de l'IMERA, organisé par G. Crocco, F. Boulc'h et O. Morizot.
Cette séance du sémiaire, intitulée "Biologie, anthropologie et archéologie : quel dialogue pour une nouvelle vision de la préhistoire ?", est comme chaque fois organisée en deux temps:
Jeudi 20 mars 2025
15h00-17h00 : Salle de conférence de la Maison des Astronomes (Iméra)
Grande conférence d’Estelle Herrscher : Reconstruire l’alimentation des sociétés aujourd’hui disparues. Analyse réflexive d’une approche anthropologique et archéométrique.
La reconstitution de l’alimentation des sociétés disparues connait un renouveau depuis les années 2000 en raison du développement de nouvelles approches qui croisent archéologie, anthropologie et sciences analytiques. En mobilisant l’archéométrie, et notamment l’analyse isotopique des ossements, il est possible de retracer les grandes transitions alimentaires de l’humanité, des premiers homininés à la sédentarisation néolithique, à l’échelle individuelle avec une précision inégalée par les autres méthodes.
Cette intervention propose une réflexion sur les concepts, méthodes et biais de ces approches, tout en soulignant les apports de l’interdisciplinarité pour mieux comprendre les dynamiques alimentaires passées. Il s’agira ainsi de définir la place de l’anthropologie biologique dans le vaste champs de l’anthropologie et de cerner la difficulté de caractériser les corpus bio-archéologiques. Seront également abordés l’intérêt des référentiels nécessaires pour interpréter les données isotopiques jusqu’aux questions qui se posent relativement à la préservation des restes humains, en tant que bien commun à sauvegarder. La réflexion autour de ces approches intégratives, de la biogéochimie isotopique à l’archéologie-anthropologie, sera illustrée à partir d’exemples d’études d’adaptations alimentaires en contexte de colonisation insulaire et de transition alimentaire dans le Sud Caucase.
Estelle Herrscher, médaille d'argent du CNRS 2024, est membre du LAMPEA (Laboratoire méditerranéen de Préhistoire Europe-Afrique). Anthropologue-biologiste, elle étudie les pratiques alimentaires du passé, leur transformation et leur transmission à travers différentes zones géographiques et périodes historiques. L'alimentation, au carrefour du naturel, culturel et social constitue un marqueur identitaire particulièrement intéressant pour étudier l'adaptation des sociétés humaines aux conditions locales. Afin de répondre à ces questions de recherche, elle combine des approches anthropologiques et archéométriques. Les techniques analytiques se concentrent sur la composition isotopique des os et des dents retrouvés en contexte funéraire. L'analyse isotopique est une technique empruntée à l'écologie et utilisée en archéologie maintenant depuis plus de trois décennies. Les marqueurs utilisés sont principalement des isotopes stables légers (C, N, S) mesurés dans la fraction organique des squelettes, ce qui permet de déterminer la nature et la quantité de protéines consommées.
Mercredi 19 mars 2025
14h00-17h00 : Salle de conférence de la Maison Neuve (Iméra)
Déterminants socio-culturels à l’épreuve du temps : le cas de l’alimentation : Séminaire et formation doctorale (Collège doctoral ADUM) autour des travaux d’Estelle Herrscher, animé par Gabriella Crocco (Iméra), Florence Boulc’h et Olivier Morizot (IRES, amU).
Cette séance du séminaire du cycle Inter-disciplines et de formation doctorale sera consacré essentiellement à la lecture guidée d’un article d’Estelle Herrscher : « Déterminants socio-culturels collectifs et individuels à l’épreuve du temps : impact sur l’alimentation et la santé », Cahiers de nutrition et de diététique 52, 2017, p. 312-319.
Nous explorerons ainsi les principes et les méthodes sous-jacents à la pratique de l’archéométrie appliquée à l’étude de l’alimentation par différents cas d’étude présentés par l’autrice. Notre objectif est de questionner d’une part les pouvoirs et les limites des méthodes de mésure employée par la bioarchéometrie et d’autre l’impact de ses données sur le débat interdisciplinaire entre anthropologie et archéologie pour une méilleure comprehension de la préhistoire.
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