Les Affects de l'intellect. De l'interrogation à la certitude.
Ces journées d’étude, intitulées « Les affects de l’intellect. De l’interrogation à la certitude », se tiendront les jeudi 12 et vendredi 13 octobre à la Fac. de Lettres d’Aix en Provence.
Coordonnées par Benoit Gaultier (Université de Zurich), elles sont organisées par Pascal Taranto (CGGG, Aix-Marseille Université), Anne Meylan (Université de Zurich), Julien Deonna et Fabrice Teroni (Université de Genève).
Lieu : Aix-en-Provence, Faculté de Lettres, bât Multimédia, salle de colloque 2.
On s’interroge parfois dans les débats contemporains en philosophie de la connaissance et de l’esprit sur le rôle que peuvent jouer nos émotions dans nos processus de formation de croyances (tant à propos de nous-mêmes qu’à propos du monde extérieur), dans la justification de ces dernières, dans l’acquisition de connaissances et dans nos activités d’enquête, qu’il s’agisse de leur régulation ou de la satisfaction de leurs fins. Il est cependant un sens plus fondamental auquel on peut s’interroger sur la place de nos affects dans notre activité intellectuelle : celui de savoir si nos différentes attitudes intellectuelles elles-mêmes n’auraient pas une composante affective qui leur serait constitutive, et même si certaines de ces attitudes ne seraient pas toutes entières de nature affective.
Considérons, par exemple, les cas du doute, de la confiance, de la croyance, de la certitude et de la compréhension. Pour le fondateur du pragmatisme Charles Peirce, le doute sur une question est une irritation et une forme d’anxiété que la formation d’une croyance à son propos viendra apaiser ; et quand pour lui se trouve au principe de toute enquête la surprise ressentie devant certains faits, pour d’autres il s’agit d’une curiosité qu’on éprouve, voire d’une forme d’émerveillement. De plus, pour nombre d’épistémologues, la croyance consiste, partiellement au moins, à avoir le sentiment qu’une chose est vraie ; pour d’autres la croyance consiste plus précisément en un sentiment plus ou moins élevé de confiance en la vérité d’une proposition. Par ailleurs, on qualifie ordinairement la certitude de sentiment, et l’on demande ordinairement à des interlocuteurs, pour connaître leur opinion sur une question, qu’ils nous « donnent leur sentiment »à son propos. Enfin, avance-t-on souvent, la compréhension de la vérité d’une proposition ou d’une théorie ne va pas sans un « Aha ! feeling » ou un « Eureka ! effect », tandis que la suspension de jugement est historiquement supposée être une forme de paix de l’âme (ataraxia).
Est-ce à dire alors que seul le jugement serait une attitude purement cognitive ou intellectuelle ? Serait-ce en partie lié au fait qu’ontologiquement il est un pur acte ou un événement, contrairement aux autres attitudes intellectuelles qui viennent d’être mentionnées, qui sont au moins en partie des états ? Qu’en conclure quant au contrôle et à la responsabilité que nous avons à l’égard de ces dernières, à leur rationalité, à leurs conditions de correction, à leur direction d’ajustement, ou à ce qui les distingue ou non d’autres attitudes classiquement tenues pour des émotions pleines et entières, comme la peur, le dégoût ou la colère ? C’est à ces questions que sera consacré le colloque « Les affects de l’intellect : de l’interrogation à la certitude », qu’il abordera aussi bien sous l’angle de la philosophie de l’esprit que de l’épistémologie.