Les EEExotiquEEEs en pEEErspEEEctivEEE

illustration de l'événement Les EEExotiquEEEs en pEEErspEEEctivEEE

Les espèces exotiques envahissantes (EEE) sont définies comme des espèces présentes aujourd’hui dans des secteurs très éloignés des domaines biogéographiques dont elles sont issues (elles sont « exotiques »), et qui ont tendance à supplanter, dans les secteurs qu’elles colonisent, les espèces autochtones (elles sont « envahissantes »). Les EEE sont considérées dans la littérature scientifique comme l’une des causes majeures de l’érosion actuelle de la biodiversité, et leurs impacts économiques sont de plus en plus documentés. De nombreuses politiques environnement ciblent par conséquent ces espèces, de l’échelle internationale à l’échelle locale. Cette journée d’étude propose de mettre les problématiques de gestion des EEE en perspective, au prisme d’une analyse critique des outils de hiérarchisation et d’une prise de recul culturelle et normative, en dialogue avec des gestionnaires de terrain.

Programme

9h30 : Rendez-vous au parking du Parc de la Torse, Aix-en-Provence

9h30-10h : Accueil et ouverture théorique : Les espèces exotiques envahissantes, enjeux éthiques, épistémologiques, opérationnels

10h-12h : Balade botanique à la découverte des espèces exotiques envahissant Aix-en-Provence

12h-13h : Repas

Après-midi : Salle 201 au Cube, Faculté de Lettres, Aix-en-Provence

13h-14h : Emma Alaux - Hiérarchiser pour mieux gérer ? Panorama des méthodes d’évaluation des espèces exotiques envahissantes (EEPO, Harmonia +, ISEIA, Weber & Gut, Lavergne)

14h-15h : Daniel Faget - Entre subir et choisir : Espèces introduites marines et fabrique d'une identité méditerranéenne

15h-15h15 : Pause-café

15h15-17h : Table ronde chercheurs/gestionnaires - La prise de recul proposée par la recherche sert-elle à quelque chose ?

17h : Clôture

Participation libre sur inscription obligatoire auprès de yves.meinard@univ-amu.fr

Résumés des interventions :

Emma Alaux

Hiérarchiser pour mieux gérer ? Panorama des méthodes d’évaluation des espèces exotiques envahissantes (EEPO, Harmonia +, ISEIA, Weber & Gut, Lavergne)

Comment prioriser les espèces exotiques envahissantes (EEE) à gérer ? Sur quels critères fonder ces choix, et avec quelle légitimité scientifique et sociale ?
Cette présentation propose une analyse comparative de cinq méthodes de hiérarchisation (Harmonia+, ISEIA, EPPO PP, Lavergne, Weber), en croisant deux niveaux de lecture. Le premier, technique, s’appuie sur les principes de l’aide à la décision multicritère (MCDA) pour interroger la sélection, la pondération et l’agrégation des critères mobilisés. Quels arbitrages sous-tendent ces choix ? Quelle transparence et quelle robustesse garantissent-ils ?

Le second niveau, plus réflexif, ouvre la discussion sur les conditions de production et de légitimation de ces outils. Il s’agit ici d’examiner la capacité de ces méthodes à permettre une clarification des termes employés, à être comprises et à discuter des critères évalués dans des processus délibératifs, et à rester ouvertes à la discussion — c’est-à-dire accessibles, contestables, et révisables par des parties prenantes extérieures. Ces dimensions sont essentielles pour éviter l’illusion d’objectivité et garantir une légitimité à la fois scientifique et démocratique.

Au croisement de l’écologie, de l'aide à la décision, et de la philosophie, cette intervention invite à penser les méthodes de hiérarchisation non comme des instruments neutres, mais comme des dispositifs situés, porteurs de choix implicites, et devant faire l’objet d’un examen critique.

Daniel Faget

Entre subir et choisir. Espèces marines introduites et fabrique d’une identité méditerranéenne

L’introduction de nouvelles espèces possède une histoire plurimillénaire en Méditerranée. Elle s’est accélérée au cours de l’époque moderne (XVI-XVIIIe s.) après la découverte du Nouveau Monde (Amérique), et s’est également nourrie à la même période des flux provenant du continent asiatique. Ces introductions de plantes ont modifié en profondeurs les paysages méditerranéens, transformant leur visage par rapport à la période antique. Elles ont contribué à une mutation radicale de la cuisine élaborée au sein du bassin intérieur. Si l’introduction d’espèces marines est peu documentée pour l’époque moderne, les temps de l’industrialisation et de la mondialisation (XIXe-XXe s.) ont en revanche provoqué une arrivée massive d’espèces non indigènes en Méditerranée. Certaines de celles-ci, de nature invasive, perturbent les écosystèmes marins. De quoi ces espèces sont-elles le nom ? Que nous disent-elles des effets de la mondialisation ultra-libérale ? En quoi ces aliens posent-ils le défi d’une appropriation démocratique des ressources marines par les communautés locales ?