Objets sensibles insolites. Approches ontologiques et phénoménologiques

illustration de l'événement Objets sensibles insolites. Approches ontologiques et phénoménologiques

Objets sensibles insolites. Journées d'études à Aix-Marseille Université, 27-28 novembre 2025. Centre Gilles Gaston Granger, LESA. Organisation : Julien Bernard (julien.bernard@univ-amu.fr). Guillaume Bucchioni (guillaumebucchioni@hotmail.fr). Pour le LESA : Anna Guillo (anna.GUILLO@univ-amu.fr).

Conférencier.e.s

Allesandro Arbo
Julien Bernard
Guillaume Bucchioni
Alexandre Declos
Claire Etchegaray
Céline Flécheux
Michel Le Du 
Giuseppe di Liberti
Carlos Lobo
Paula Lorelle
Olivier Massin
Raluca Mocan
Sébastien Motta
Sébastien Richard
David Romand

Argumentaire

La genèse des entités sensibles est celle d’une constitution : des données sensorielles, subjectives et contextuelles, surgit un objet perceptif, stabilisé par des procédures objectivantes qui lui confèrent une réalité autonome – au moins intentionnelle. Cette réalité semble s’affranchir des aléas de la subjectivité sensible, comme si l’objet, une fois constitué, s’imposait de manière universelle en suivant un mode d’être unique et bien réglé. 

Selon une version convenue, cette genèse suit une voie unique prétracée, délimitée par des règles d’objectivation fixes, par lesquelles l’objet acquiert des propriétés dont le type est présumé universel. Pourtant, le vécu quotidien contredit cette belle ordonnance. À côté des objets sensibles classiques, une cohorte d’autres entités insolites émerge. Des objets transparents, des objets vagues, des objets immatériels (comme les reflets, les ombres, les trous, ou les arc-en-ciel), des objets fictionnels, des objets virtuels ou encore des objets imaginaires. Ces entités arborent des formes subtiles, évanescentes ou hybrides qui défient les attentes ontologiques usuelles et révèlent la richesse vertigineuse d’un univers sensible bien plus complexe qu’il n’y paraît. Malgré l’insoumission de ces objets aux règles attendues, la perception élabore sans cesse de nouvelles procédures objectivantes, développant de nouveaux modes d’appréhension, en faisant preuve d’une grande plasticité, dans la sphère visuelle comme dans les autres modes de la sensorialité. Le caractère en apparence « insolite » de ces objets n’est alors certainement pas dû à leur rareté au sein du monde phénoménal. 

Le philosophe, en explorateur des rivages insoupçonnés de l’expérience, s’interroge : quelles sont les règles constitutives de ces objets insolites ? Ces procédures révèlent-elles une réalité intrinsèque, indépendante de toute subjectivité, ou restent-elles toujours intrinsèquement liées à des structures phénoménales ? La bizarrerie de ces objets est-elle un fait du monde ou un effet de notre regard ? Et si ces objets naissent d’une corrélation entre l’intentionnalité du sujet et le monde, quel degré de subjectivité est ici en jeu ? Est-ce le langage qui les modèle ou sont-ils tributaires d’une procédure objectivante plus primitive et prélangagière ?

Nous vous invitons à une exploration collective des objets sensibles insolites, en croisant les méthodes de la phénoménologie et de la métaphysique, explorant diverses perspectives issues du panorama des positions onto-phénoméno-logiques, depuis le réalisme le plus franc jusqu’à l’idéalisme sans concession, en passant par toutes les positions modérées. Cette quête commune nous conduira en tous cas à reconsidérer les objets sensibles insolites non pas comme des anomalies, mais comme des témoins privilégiés de la richesse de l’expérience sensible.