AAC : « La philosophie inventée : Fictions, mythes et chimères de l’histoire de la philosophie »

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AAC – « La philosophie inventée : Fictions, mythes et chimères de l’histoire de la philosophie »

Colloque organisé par le Centre Granger (AMU) et Sphere (Paris Cité) du 19 au 22 mai 2025 – Aix-en-Provence

L’organisation de ce colloque fait suite à deux journées d’études qui se sont déroulées à Aix- en-Provence, intitulées « La philosophie ventriloque » et « La philosophie inutile », consacrées à l’histoire de la philosophie, à son objet, sa méthode et sa nature. La relation qu’entretiennent la philosophie et l’histoire de la philosophie, ou le philosophe et son double historien, paraît en effet singulièrement ancillaire : tandis que le philosophe accomplirait seul le geste philosophique, l’historien de la philosophie se ferait l’herméneute, ou plus simplement le narrateur de cet accomplissement. Les deux opérations de l’exposition et de l’interprétation d’une doctrine philosophique ne sont toutefois pas neutres. En raison de l’impossibilité de toute exhaustivité dans la description et d’une complète objectivité dans la compréhension, elles en appellent à des découpages au sein des corpus, à des arbitrages sémantiques et à des choix théoriques. De ces derniers surgissent des figures philosophiques, des philosophes fictifs, des textes recomposés, des pensées travesties, au point que le narrateur se fait, parfois et sans toujours le savoir, le mythologue de sa discipline.

Le colloque « La philosophie inventée : Fictions, mythes et chimères de l’histoire de la philosophie » se donne pour tâche de prêter attention à la manière dont l’histoire de la philosophie falsifie ou réinvente les philosophies des auteurs, non pour dénoncer une quelconque irrévérence, mais pour en marquer plutôt la puissance créatrice (loin de toute philosophie « ventriloque ») et la richesse inextinguible (contre l’idée d’une philosophie « inutile »). Celles-ci ne peuvent advenir que dans une forme d’infidélité, par ailleurs inévitable, qui ne doit pas et, peut-être, ne peut pas être considérée comme un défaut de l’histoire de la philosophie, mais comme un débordement déjà présent dans la philosophie elle-même. Les philosophes en effet sont les premiers à être des historiens peu scrupuleux, qui offrent à la pensée d’un autre une postérité déformée et souvent plus grande que celle que la pensée originale aurait eue sans leur déloyauté ou leur désinvolture. Par ce colloque, en conséquence, il ne s’agit pas de défendre l’histoire de la philosophie contre les attaques, plus ou moins pertinentes, relatives à sa nature philosophique et à son intérêt théorique : il s’agit d’aborder la question de son épistémologie au-delà de l’enjeu, qui lui serait le plus naturel, de la « vérité historique » des systèmes.

Une telle interrogation peut s’incarner dans tous les aspects de l’histoire de la philosophie :

  • 1) dans les effets de la transcription, de l’édition et de la traduction des textes originaux ;
  • 2) dans les conséquences des conditions de diffusion des textes et de transmission des commentaires ;
  • 3) dans la constitution de figures simplifiées ou déformées, ou dans l’invention de thèses à des fins pédagogiques, polémiques, synthétiques, etc. ;
  • 4) dans le cours de l’histoire réelle, faite par les philosophes eux-mêmes ;
  • 5) dans la construction de paradigmes, de styles et d’« ismes » qui façonnent la recherche future ;
  • 6) etc.

Cet appel à contributions comporte deux volets :

A) Un volet « jeunes chercheurs et chercheuses » : pour les chercheurs et chercheuses ayant soutenu leur thèse de doctorat depuis moins de trois années, pour les doctorantes et doctorants et pour les étudiants et étudiantes en 2e année de master, il est demandé un poster (conçu pour une présentation d’une quinzaine de minutes) ainsi qu’un court CV. Un prix du meilleur poster sera décerné et donnera lieu à une participation en tant que conférencière ou conférencier invité.

B) Un volet « chercheurs et chercheuses confirmés » : pour les chercheurs et chercheuses ayant soutenu leur thèse de doctorat depuis plus de trois années, il est demandé un résumé de leur communication (trente minutes) de 500 mots ainsi qu’un court CV.

Vous pouvez envoyer vos propositions avant le 31 décembre 2024 à l’adresse électronique suivante : valerie.debuiche@univ-amu.fr et pascal.taranto@univ-amu.fr. Un retour vous sera fait mi-février.