Axe 1. Histoire et philosophie des sciences

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Présentation de l'axe 1 : 

L’axe Histoire et Philosophie des Sciences a pour vocation de développer la tradition épistémologique du Centre d’Épistémologie Comparative, fondé en 1974 par Gilles Gaston Granger.
Les recherches développées dans cet axe se proposent deux objectifs : d’une part, l’analyse historico-philosophique des disciplines scientifiques considérées (logique, mathématiques, physique, biologie, psychologie) et d’autre part, s’appuyant sur elle, l’étude des chapitres traditionnels de la philosophie et des questions qui s’y rattachent : théorie de la connaissance, métaphysique, rôle politique et social de la science. En collaboration étroite avec ceux qui pratiquent les disciplines scientifiques considérées, l’Axe 1 se donne pour mission de consolider et de développer une pratique transdisciplinaire de recherche en épistémologie comparative, fortement enracinée dans le tissu local et active dans le débat philosophique national et international.

Thèmes de recherche :

1) Philosophie, épistémologie et histoire des sciences. Nous étudions les rapports entre philosophie et histoire des sciences comme préalable à la constitution d’une épistémologie comparative et critique, conçue comme antidote aux dogmatismes contemporains (tel que, par exemple, le mythe de la toute-puissance de l’approche quantitative ou statistique) et comme propédeutique au problème de la connaissance philosophique.
Spécialités Vuillemin  (G. Crocco, E. Adureau), Granger (G. Crocco, E. Audureau, P. Cantù), Bachelard (G. Crocco, E. Audureau, J. Bernard), Husserl (J. Bernard, C. Lobo), Ontologie sociale et pratique mathématique (P. Livet, P. Cantù, I. Sabi).

2) Histoire et philosophie des mathématiques. L’évolution des objets et des concepts mathématiques, au sein des différentes traditions scientifiques, a livré à la philosophie, depuis l’époque de Platon, un matériel de réflexion foisonnant. Nous concentrons nos études sur les périodes et les thèmes où les liens des mathématiques avec, d’un côté, la philosophie et, de l’autre, la physique sont particulièrement saillants.
SpecialitésMathématiques Arabes (Ph. Abgrall), Mathématiques classiques (M. Anglade), Géométrie et axiomatique au19ème siècle (P. Cantù).

3) Histoire et philosophie des sciences de la nature. Notre étude de la manière dont les traditions de recherche en physique se constituent et se transmettent, est essentiellement centrée sur deux aspects :
a) les rapports entre physique et théorie de la perception ;
b) les liens entre description mathématique des phénomènes dans les théories physiques et systèmes du monde.
SpecialitésPhysique au 20ème siècle (J. Bernard, S. Beyne), Weyl (J. Bernard), Newton (O. Morizot), Écologie et évolution (Th. Rolland)

4) Logique et fondements des mathématiques et de l’informatique. Les études rattachées à cette thématique concernent la logique entendue de trois manières : d’abord, comme discipline s’occupant des concepts les plus généraux sous-entendus par toute connaissance ; ensuite, la logique conçue comme branche des mathématiques, discipline s’occupant des théories mathématiques formelles y compris celles liées à l’informatique ; enfin, la logique philosophique, intégrant les études sur les logiques non classiques appliquées à l’intelligence artificielle.
Specialités : Gödel (G. Crocco, P. Cantù, E. Audureau, F. Carbo-Gil), Théorie de l’argumentation (P. Cantù), Informal Provability (G. Crocco, F. Carbo-Gil, A. Piccolomini d'Aragona), Épistémologie de la preuve (F. Oliva).

5) Histoire et philosophie de la biologie, de la psychologie et des neurosciences. Notre réflexion sur cette thématique porte, d’une part, sur la philosophie du vivant, en lien avec l’écologie et la théorie de l’évolution et en collaboration étroite avec l’axe 2. Elle porte, d’autre part, sur la pensée psychologie, telle qu’elle s’est développée entre la fin du XVIIIe siècle et le début du XXe siècle, et qu’il s’agit d’étudier pour elle-même et dans son rapport, passé et actuel, à l’épistémologie, à la logique et aux sciences du langage.
Spécialités : Neurophysiologie de la motricité oculaire (L. Goffart).

6) Enseignement des sciences et transdisciplinarité. Dans les formations actuelles, l’enseignement des disciplines scientifiques se heurte à des difficultés qui se traduisent par une baisse des vocations. Elles conduisent la science à n’avoir comme place dans la culture que celle que justifie le succès de la technologie. Notre réflexion sur la transdisciplinarité a pour objectif de développer de nouvelles perspectives pédagogiques où l’image de la science échapperait à la dialectique adulation/diabolisation pour retrouver le statut culturel qui était le sien lors de ses progrès fondamentaux.

Formations Licence Sciences et Humanités, Master Épistémologie, histoire des sciences et des techniques

Groupe de travailAux frontières des mathématiques

Thématiques de recherche envisagées pour les 5 prochains années

1. Granger et les épistémologies « à la française ». Des philosophies pour l’âge de la scienceDans l'héritage de l'œuvre de Gaston Bachelard, les réflexions de Gilles Gaston Granger, Jules Vuillemin et Georges Canguilhem représentent chacune a leur manière des tentatives de penser les rapports entre philosophie et science dans la pluralité irréductible de leur choix et leurs résultats théoriques et dans un dialogue constant avec la réalité de l'activité scientifique de leur temps. Ce qui caractérise ces philosophies de la connaissance c’est leur attention à l’histoire et aux pratiques scientifiques, leur anti-naturalisme, leur attention au dialogue entre histoire des sciences et histoire de la philosophie. Ces philosophies ont donné naissance, entre autres, à une méthode historiographique qui accorde un rôle central à la catégorisation philosophique de la réalité, une méthode qui, pour les mathématiques, a été développée par Desanti et Michel. C'est dans cette perspective épistémologique que se développe une grande partie des recherches sur l'histoire des sciences de l'axe 1. L'attention est également portée sur la circulation, la transformation et la contamination des connaissances scientifiques. 

2. Intensionnalité, objectivité et intentionnalité: Husserl, Peano, Gödel. Il s'agit d'insérer la question de l'objectivité sur une grande thématique ouverte, qui pourrait inclure une analyse de l’influence de Aristote, de Leibniz et plus en générale du vitalisme dans la réflexion des savant-philosophes du XX siècle. C'est aussi une manière de re-intrepréter les systèmes philosophiques qui se sont développés tout au long de l’histoire de la philosophie. Des thématiques communes à Gödel, Husserl et Peano qui pourraient suggérer des approches différentes à la question de l'objectivité sont l'intérêt pour la logique intensionnelle plutôt qu'extensionnelle, mais aussi l’insistance sur le caractère dynamique et procédural de la connaissance. Dans le cas de Husserl il s'agit aussi de considérer le projet d’une réforme de la logique formelle comme transcendantale et la place de la question de l'intentionnalité. L'enquête sera étendue à d'autres auteurs qui ont étudié le lien entre objectivité et intensionnalité:  Enriques, qui ne partage pas l'anti-psychologisme de Husserl, et Rougier, qui critique l’hypostatisation métaphysique à travers les structures de la langue.

 3. Science, Philosophie et Société. La recherche vise une réflexion sur la nature et les méthodes de la philosophie, ainsi qu'une réflexion sur ses propres rapports à la science. Le naturalisme est analysé comme frontière de la réflexion sur la science, qui écrase la philosophie sur la science et soulève des questions sur la nature de l'objectivité et de la normativité scientifique et sociale. S'il y a une « philosophie » implicite dans les pratiques (scientifiques et non scientifiques), quelle est la frontière entre ces philosophies implicites et les idéologies ? L'analyse du naturalisme comprendra certaines questions épistémologiques plus larges, telles que l'interdisciplinarité, l'autonomie de la philosophie vis-à-vis de la science, ou la relation entre les sciences exactes et les sciences humaines (méthode, objectivité, normativité), mais aussi des questions plus spécifiques, telles que la portée et les effets du naturalisme dans certains champs disciplinaires spécifiques.