Experts de papier, de carbone et de silicium : déférence et technologies épistémiques aux temps du tout-IA

Dans le cadre du colloque « Implications philosophiques de l'IA » organisé par Jacques-Henri Vollet, codirecteur du Groupe de recherche en épistémologie (GRE) au Collège de France, et Alexandre Declos, directeur du Groupe d’études en métaphysique (GEM).
Résumé :
Les questions épistémologiques classiques gravitant autour des notions de confiance, de dépendance et d’expertise dans l’acquisition de connaissances prennent aujourd’hui une nouvelle tournure avec l'émergence de ce que l’on appelle parfois des « technologies épistémiques » (Alvarado, 2023), soit des systèmes artificiels hautement performants et présentés sans scrupule comme étant capables de « prendre des décisions », « faire des prédictions », « émettre des diagnostics », « catégoriser », etc. La question des liens de dépendance, de délégation et de déférence, naguère limitée aux experts humains, semble désormais s’étendre aux systèmes artificiels, lesquels font alors office d’agents épistémiques à part entière. Comment appréhender ce rapport inédit de l’humain à la machine en contexte épistémique ? L’article récent de Stéphane Chauvier « IA : le test de la déférence » (2023) me servira de tremplin pour aborder la question du statut épistémique de tels systèmes artificiels.