« En deçà de l'appartenance. Reposer la question du corps »

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La question, en phénoménologie, a-t-elle le pouvoir de faire apparaître ce qu’elle questionne, ou ne risque-t-elle pas au contraire de dissoudre son objet dans le cadre ontologique in-interrogé dont elle hérite ? Renaud Barbaras, dans L’appartenance, met en question la question phénoménologique du corps : le corps est moins en question pour la phénoménologie, qu’il n’est une réponse à une question implicite, héritant d’un cadre ontologique dualiste qui le nie. D’où la nécessité de reposer la question du corps de manière inédite. Selon l’inversion proposée, il faut cesser de penser le corps comme réponse à la question implicite de l’appartenance, pour penser l’appartenance comme réponse à la question du corps — une réponse qui annule les termes mêmes de la question. Or, cette disparition du corps dans l’appartenance n’est-elle pas elle-même commandée par un cadre ontologique in-interrogé ? Et comment reposer, dès lors, la question du corps ? Dans les deux cas, seul un questionnement critique, questionnant la question même, peut se faire le moteur de nouvelles descriptions phénoménologiques.