« Le corps vécu n’est pas un corps propre. Beauvoir ou l’apparition du corps dans Le deuxième sexe »
Lorelle P. "Le corps vécu n'est pas un corps propre: Beauvoir et l'apparition du corps dans Le deuxième sexe" in I. Fazakas, "Operative Materialities in Phenomenology", Síntesis Revista de Filosofía, Vol. 6, N°2, 2023
Dans Le deuxième sexe, Beauvoir affirme que « la femme, comme l’homme, est son corps : mais [que] son corps est autre chose qu’elle ». Apparaît dans cette phrase, comme dans l’histoire de la phénoménologie, l’espace d’une déhiscence au sein du corps vécu. Être son corps n’impliquerait pas que le corps soit entièrement soi – et le corps vécu, dès lors, ne serait plus un corps propre. D’où la question que nous tâcherons ici de déployer : l’aliénation au sein du corps vécu n’est-elle pas la condition même de sa manifestation comme corps matériel ? Nous tâcherons, dans un premier temps, de remonter à la source du concept de « corps propre » (Leib) chez les postkantiens, afin de montrer que le corps n’apparaît comme « propre », dans l’histoire de la philosophie, qu’en disparaissant comme « corps ». Ce qui nous conduira, dans un second temps, à interroger la (ré-) apparition du corps dans Le deuxième sexe, et plus précisément dans la description que Beauvoir fait du cycle menstruel.
Disponible en: doi:10.15691/0718-5448Vol6Iss2a425